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vendredi 8 février 2013

Sept coups

Sept coups de Francis BAUX, Editions Les 2 Encres

« L’amour plus fort – Eros qui terrasse Thanatos – c’est sûr, il y réussissait. Cet amour n’était ni sexe ni sentiment, mais un miroir pour que chacun se voie dans les yeux de l’autre, compassion de l’éphémère créature qui devient asexuée et qui demande pitié. Fais-moi vivre, semblait dire l’autre, et chacun était aussi libre que dépendant de l’autre. La tendresse est galvaudée, malaimée, et sous-estimée, elle passe pour la passion des vieux. Cette sorte de mélange mystique qui fait que deux êtres pactisent en secret, sans texte ni loi, est un ciment d’amour fort : on n’a pas besoin de vivre ensemble dans le même lieu. » Extrait du livre.

La roulette russe…

Depuis qu’il a appris sa maladie, Pierre joue « à la roulette russe avec ce revolver trouvé caché dans le bois de la forêt de Fontainebleau ». Un jeu dangereux qui depuis vingt ans rythme des matins et qui lui offre chaque jour un nouveau sursis : « Il a encore un jour. Pourquoi avons-nous un jour de plus et pour faire quoi de plus ? […] chaque jour, il renaissait comme un bébé… ».
  
Jusqu’au jour où il rencontre Matilda. Une belle jeune femme rousse, avocate, de vingt-cinq ans. Pierre lui propose un pacte étrange qu’elle refuse, mais ne s’oppose pas à faire plus ample connaissance.

Après cette rencontre avec la jeune femme, Pierre rencontre la peur : « Pour la première fois depuis longtemps, il a peur de son geste fou, car si demain, « boum » il mourait, il ne saurait pas la suite de cette aventure qui l’agrafait à son destin comme la meilleure des raisons de vivre : encore aimer avant l’hiver de sa vie ».

Parce qu’en définitive la vie ne tient qu’à peu de choses. Un évènement, une anicroche, une rencontre ou encore une parole, un regard… suffisent parfois à faire basculer les plus rigides d’entre nous. Personne n’est à l’abri de ce genre de bousculade intérieure causée par l’environnement extérieur.

De son côté, Matilda n’est pas indifférente face à cet homme, disons-le, un peu fou : « Cette rencontre insolite lui donnait le prétexte d’un plaidoyer pour la vie, l’amour de la vie, afin de contraindre Pierre, à force d’arguments, que sa roulette n’était qu’une névrose. Surtout, cet homme surgi de n’importe où l’avait touchée car il lui semblait sincère et désespéré ».  Ne rien faire l’aurait rendue coupable « d’une indifférence et d’une certaine légèreté ».

Comment vivre avec un tel fardeau ? De plus, en tant qu’avocate, elle ne pouvait concevoir un tel acte qui ne correspondait ni à sa morale ni à sa vocation professionnelle : « Maintenant, elle devrait plaider pour rien, pour la vie, pour elle et pour lui ».

« Je meure chaque nuit pour ressusciter chaque matin »
(Georges BERNANOS, extrait de « dialogue des Carmélites »)

Matilda, torturée au plus profond d’elle-même cherchait en Pierre l’aide dont elle avait besoin. Quant à Pierre, la présence de la jeune femme lui était devenue nécessaire, sinon indispensable : « La réalité des autres nous révèle à nous-mêmes ».

De jour en jour, l’attachement s’imposait. Faisant plus que connaissance, ils devenaient amants. Plus de « clic » de révolver. Plus de provocation de la vie ou de la mort. Comme chacun en a besoin, Pierre avait trouvé en Matilda une raison de vivre, de respirer, de ne plus vouloir tenter le diable avec sa roulette russe, de ne plus chercher à chatouiller son arme en jouant avec la chance, ne serait-ce que pour Matilda, encore et encore : « Il n’y a plus besoin de roulette russe lorsque la vie prend du sens. Il devait vivre pour elle, littéralement ».

Cependant, au fil du temps, ce « elle » va se transformer en « elles ». L’arrivée inattendue de Sarah, il ne l’avait pas prévu et encore moins imaginée, Pierre. Une naissance inattendue, mais en définitive tant aimée. Rien d’autre que la naissance d’un enfant ne pourra jamais unir plus profondément les liens de deux êtres qui s’aiment. Du moins, c’est ce que l’on se plait à imaginer, à croire, à vouloir…

Les jours passent apportant, pratiquement toujours, ce quotidien d’habitudes que nous redoutons tous. Les choses changent, les pensées se modifient, les désirs bien que toujours présents diffèrent et ralentissent leur pouvoir. On cogite, on réfléchit, parfois trop, mais : « le destin fait toujours ce qui lui plaît en brodant sa toile sur nos actions en apparence les plus infimes ». Et puis, qui que l’on fasse, « c’est comme cela la vie, un peu de choix et beaucoup de choses que les évènements extérieurs déterminent ».

Pierre prend une décision, mais les émotions qui en émanent le torturent et il sait que « l’émotion est mauvaise conseillère pour tout ce qui concerne l’action ».
Ira-t-il jusqu’au bout de celle-ci ?

Une très belle histoire que nous raconte l’auteur et comme à son habitude, il nous fait l’honneur d’offrir à notre regard une kyrielle de petites phrases qui ne manqueront pas de nous mener sur le chemin de la réflexion, non pas en donneur de leçon, loin de là, mais simplement pour réfléchir aux choses, aux sentiments, à l’amour et plus encore. Néanmoins, chacun peut s’arrêter sur ce chemin pour simplement continuer sa route au fil des pages, cela n’en demeurera pas moins un vrai plaisir et ne dénaturera en rien ce plaisir de la lecture que nous donne cet ouvrage. C’est juste un plus !


 
Informations sur le livre :

Titre : Sept coups
Auteur : Francis BAUX
Éditions : Editions Les 2 Encres
Collection Encres Nomades
ISBN : 9782351685099
Prix : 13,50 €
 

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