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jeudi 3 septembre 2015

La vie en mieux

La vie en mieux d’Anna Gavalda, Éditions LeDilettante
« Tous mes sens étaient sollicités, flattés, fêtés. Ce n’était pas le vin qui m’enivrait, c’était eux. Eux deux. Cette escalade, ce jeu entre eux, cette façon qu’ils avaient de se couper sans cesse la parole en me tendant la main pour me hisser à bord, à leur bord, et me faire rire de nouveau. J’adorais ça. J’avais l’impression d’être un morceau de barbaque qu’on aurait mis à décongeler au soleil. Je ne me souvenais plus que j’avais tant de répartie, que j’étais si poreux, si tendre et à ce point digne d’attention. Oui, je l’avais oublié. Ou peut-être ne l’avais-je jamais su… » Extrait de la seconde nouvelle du livre 
Deux vies différentes… Mais, avec des points communs
Cet ouvrage regroupe deux longues nouvelles sur la vie de deux personnages paumés ou écorchés, emplis de désillusions. Elles sont différentes (ces vies) tout en ayant pour point commun le mal-être des personnages principaux de ces histoires.
Ce mal-être que nous pouvons constater autour de nous dans le quotidien de certaines personnes, parfois même dans notre propre entourage. Un emploi non valorisant, sans objectif, une insatisfaction latente, et où la superficialité agrémente les jours. 
Dans la première histoire, c’est Mathilde, 24 ans, que nous suivons. Engoncée dans un travail sans intérêt, monotone et ennuyeux, malgré des études d’art : « J’occupais les mains pour tromper l’esprit ». Elle vit en colocation avec deux sœurs et alors qu’une mission lui est confiée, un incident fâcheux va malmener son quotidien. Elle va donc réaliser à quel point sa vie n’a que peu de sens, auréolée de grisaille : « Maintenant, et même si ça ne se voit pas à l’œil nu, je suis recroquevillée sur le bord de la vie et j’attends qu’elle passe »
Dans la seconde, Yann qui est visiblement en recherche d’un sens à sa vie et qui en prendra conscience en faisant la connaissance de ses voisins est attachant et sympathique. Ses voisins, un couple atypique, fantasque, mais chaleureux, très proche et très amoureux, et leurs deux petites filles. Chez eux, la vie explose, ça respire le bon air, la fantaisie et le bonheur sans pour autant passer à côté de petits coups de gueule pour mieux se réconcilier. Chez eux, on discute de tout, on rit… on vit ! 

Yann comprend que sa vie à lui est bien différente, voire à l’opposée, qu’il passe largement à côté de tout, notamment du bonheur, en l’occurrence en amour : « Je n’aime pas l’idée de faire de la peine. […] Je ne l’aime plus assez pour continuer à jouer la comédie du gentil petit couple, mais j’aime trop les gens pour prendre le risque de blesser l’un d’entre eux ». Il prend conscience que sa petite amie n’est pas celle qu’il lui faut, lui rappelant sans cesse qu’elle est d’une certaine classe sociale, une « classe supérieure », montrant mépris et mésestime pour ceux qui ne seraient pas de « son rang ». 
Ces deux histoires mettent en avant les problèmes liés à la société actuelle, où l’individualisme, voulu ou non, prend le pas sur un quotidien qui ne trouve pas forcément de but. Réaliser et se réaliser devient difficile dans la course de l’existence que chacun doit mener. Un état qui, malheureusement, tend à se généraliser. 
Mon avis 
Bien que ces histoires reflètent une certaine réalité, j’ai noté des maladresses, de l’incohérence dans la première histoire également. J’ai été quelque peu dérangée par une incontestable vulgarité, parfois virulente, en voulant le faire passer pour un « parlé branché » ou « à la mode », même si dans la seconde histoire les réflexions sont plus sensées, clairvoyantes ou judicieuses. Cette vulgarité était-elle vraiment nécessaire ? À mon sens, cela amoindrit l’effet recherché. 
Dans cet ouvrage, nous sommes loin de la plume que nous connaissions de l’auteur au travers de « Je l’aimais » ou « Ensemble, c’est tout », et j’ai trouvé cela fort dommage. Trop de parenthèses jalonnent ces histoires rendant la lecture encore moins agréable. Un peu d’humour tout de même relève ce constat (personnel). Mais, l’attrait Gavalda n’y est pas ! 
Quelques phrases tout de même retenues au cours de ma lecture :

« L’amour, on le reconnaît au souk qu’il fout en débarquant. »
« Il n’y a pas besoin de suivre les cours d’une école de design pour reconnaître l’importance des détails. »
« Si tu tiens vraiment à quelque chose dans la vie, eh bien, fais ce qu’il faut pour ne pas le perdre. »
« Mon seul talent, c’est de reconnaître celui des autres. »
« Il arrive toujours un moment où il faut aller chercher sa chance par la peau du cou et essayer de l’émouvoir en misant le tout sur le tout. »
« Que c’est difficile d’être soi quand soi ne vous inspire pas. »
« À défaut d’être grand, restons décents. »
« J’avançais de plus en plus vite pour essayer de semer mes objections. »
« Certaines fois, certaines larmes servent à amorcer toutes les autres. »


Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : La vie en mieux
Auteur : Anna Gavalda
Éditions : Le Dilettante
ISBN : 9782842637965
Prix : 17,00 €


Poche : J’ai lu
Prix : 7,80 €
ISBN : 9782290115015


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mercredi 26 août 2015

Noble semaine(s) en famille(s)


« Dame Elizabeth n’eut pas le temps de finir sa phrase, car Charlotte pointa son index en l’air pour lui indiquer de se taire. Stupéfaite d’être traitée de la sorte, Dame Elizabeth fît mine de se lever, mais les propos cassants de Charlotte la firent se rasseoir sans demander son reste.
- Alastair menait une double vie depuis maintenant 35 ans. Et ce avec l’entière aide de son vieux camarade de chambre de Eton, Lord Wilson-Carter, mon père. Prenez-le comme vous le voulez, mais cette femme, et je vous rappelle qu’elle s’appelle Fiona Flaherty, est légalement la femme de Jim
Flaherty, qui s’avère être Sir Alastair Whitman-Burke ! Dans le testament que M. Taggart nous lira en présence de l’ensemble des parties, il est bien notifié que ses biens reviendront pour moitié à Madame Flaherty. Maintenant, c’est à vous qu’appartient d’avertir vos enfants !
- J’attaquerai ce testament abject !
- Il est inattaquable, Madame, croyez-moi bien ! Je l’ai rédigé de telle manière que personne ne puisse y trouver une faille. Alastair et moi y travaillions depuis 10 ans !
- Espèce de garce !
- Pour vous servir ! » Extrait du livre

Huis clos au château

Un roman qui mêle comédie et humour, tragédie amoureuse et malentendus, disputes et réconciliations, portant le lecteur dans un tourbillon au cœur de la Grande-Bretagne.

Charlotte aux us et coutumes sans mesure est en proie aux médias dont elle fait la Une presque chaque fois qu’elle met un pied dehors. Elle est délurée, effrontée, téméraire, mais loyale et honnête et n’a pas sa langue dans sa poche. Professionnellement, elle est avocate avec le caractère nécessaire pour réussir ce qu’elle entreprend.

Suite au décès du Comte  Whitman-Burke, dont elle était assez proche de manière professionnelle, mais aussi privée, elle se rend au château de feu le Comte où elle retrouve la Comtesse, épouse officielle du Comte et leurs fils. Sont aussi présents Fiona, l’officieuse, la maîtresse du Comte avec qui il menait une double vie, et leurs fils issus de leur union. Le personnel du château est là également ainsi que Taggart, le notaire de Monsieur, qui entretient une véritable admiration pour Charlotte.

NobleSemainesEnFamilles.JPG
Une tempête de neige éclate et dure plusieurs jours, empêchant quiconque de se rendre ou de quitter les lieux. Une catastrophe pour Charlotte, surnommée Miss C par les tabloïds, habituée aux sorties, beuveries et autres dérapages sans oublier les hommes, toujours de passage, plus ou moins long. Alors, se retrouver enfermée dans cette demeure avec une Comtesse désagréable, une ribambelle de fils, adultes certes, mais tout de même, un personnel hystérique, un mort confiné dans un congélateur, et autres situations cocasses, c’est au-dessus de ses forces. Pourtant, impossible de faire autrement.


Miss C sans complexe ou Charlotte au grand cœur

Charlotte compte bien manifester son mécontentement, au diable les convenances, et n’est pas encline à céder à Madame la Comtesse, qu’elle rabroue autant qu’elle en a envie dans des propos et un langage parfois châtié et toutefois rarement aimable.

Au fil de ce huis clos, un homme est retrouvé pendu, un autre poignardé, suicide ? Meurtre ? Accident ? Dans le même temps, Charlotte est sous le charme d’Andrew, ce qui n’est pas pour plaire à Elizabeth, la Comtesse, toujours à couver son « petit oiseau » comme elle le nomme. En faire un attardé aux yeux du monde ne la dérange pas tant qu’elle peut le garder près d’elle. Alors, une Charlotte dans les parages à lui tourner autour met la Comtesse dans tous ses états. Conflits et joutes verbales sont de rigueur entre les deux femmes, rendant les échanges drôles pour le lecteur, et virulents pour les personnages.

Le personnel s’y met dans des crises d’hystérie burlesques, mais vraiment cocasses et comiques.

Comme à son habitude, Lisa Giraud Taylor sait nous emporter avec elle dans l’histoire avec un style tranchant parfois, mais toujours franc et direct. Pas de pincettes, elle sait être douce comme incisive. Elle ne badine pas, et le lecteur ne peut que la suivre sans même se faire prier.

Un roman drôle, où se côtoient l’amour, la haine, la colère, l’humour… À lire absolument pour tout lecteur qui souhaite vraiment passer un bon moment.


Informations sur le livre:

Editions : TheBookEdition
ISBN : 9791095081005
Prix : 13 € format papier
           7 € format numérique

mardi 4 août 2015

Pour info, je serai en dédicace à ‪‎Boulouris‬,
‪Saint-Raphaël‬ prochainement,

soit les 10, 17 et 24 Août 2015 de 9h00 à 13h00
Jours de marché.

J'y dédicacerai "Poil d'or, le lapin géant" (album jeunesse)

et "La vie est parfois une surprise" (roman).

Au plaisir de vous rencontrer.

 
 
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lundi 3 août 2015

Juste avant le bonheur

Juste avant le bonheur, Agnès Ledig, Editions Pocket

« Ce n’est pas la vie qui est belle, c’est nous qui la voyons belle. Ne cherchez pas à vouloir atteindre un bonheur parfait, mais contentez-vous des petites choses de la vie, qui, mises bout à bout, permettent de tenir la distance.
- Qu’appelez-vous les petites choses de la vie ?
- Les tout petits riens du quotidien, dont on ne se rend même plus compte, mais qui font que, selon la façon dont on les vit, le moment peut être plaisant et donne envie de sourire. Nous avons tous nos petits riens à nous. Il faut juste en prendre conscience. Réfléchissez, je suis sûr que vous en trouverez à la pelle. » Extrait du livre
 
Julie, Lulu... et les autres
Ce roman nous entraîne au cœur de la vie de Julie, de son quotidien difficile avec son fils, Lulu (Ludovic) qu’elle élève seule. Il est sa seule raison d’être et de se battre quotidiennement.
On y rencontre avec elle, Paul, un cinquantenaire fraîchement célibataire après trente ans de vie de couple avec une femme que seuls les finances et le niveau de vie intéressent. Trente années durant lesquelles, il pense finalement avoir perdu son temps. On découvre ensuite Jérôme, le fils de Paul, veuf depuis peu, sa femme s’étant suicidée, et qui a toutes les peines du monde à accepter la situation.

On découvre également Manon, pétillante jeune femme qui vit l’instant présent sans se soucier des « on-dit », menant sa barque comme elle l’entend, et dont l’amitié pour Julie (et réciproquement) n’a pas d’égal commun, toujours présente pour sa jeune amie fille-mère : « Avec cette sorte d'amie, partager les peines les divise, et partager les joies les accroît ».

Tous ces personnages ont en commun des difficultés dans leur vie, écorchés vifs, deuils, divorces, séparations, etc. qui ensemble vont tenter de remonter le chemin pour sortir « la tête de l’eau ».
 
Il y a quelques mois, j’avais tenté la lecture de ce roman sans parvenir à accrocher. Après une trentaine de pages, j’avais fini par le mettre de côté pour une tentative de lecture ultérieure, n’abandonnant jamais vraiment un ouvrage. J’ai pour habitude de penser (et dire) que la lecture ne s’associe pas à n’importe quel état d’esprit. Dans certaines situations, l’esprit n’est pas toujours réceptif pour un livre alors qu’il le sera pour un autre.
 
J’ai donc récemment repris ma lecture de « Juste avant le bonheur » (au début), et curieusement, cette fois, j’ai bien accroché.
Je me suis prise d’affection pour Julie et le petit Lulu, mais ai eu un peu de mal avec les diverses rencontres où tout (tous) se li(en)t un peu trop rapidement et facilement, à mon sens. Toutefois, je suis restée sur le second degré dans le sens où j’ai pris cette histoire comme une fiction, et comme dans toute fiction nous savons que tout peut arriver.

J’ai lu beaucoup de commentaires négatifs sur ce point (Amazon, Babelio, etc.), mais je pense que les lecteurs cherchent trop souvent à identifier « la vie existante » à la fiction d’un livre. Ce qui fait qu’à mon (humble) avis ceci explique cela, et fausse les avis des lecteurs appréhendant l’histoire de manière trop réelle.
La première partie, bien qu’un peu longue à mon goût, m’a toute même bien emportée. Puis, l’accident, la disparition du petit Lulu, m’a profondément touchée dans la mesure où je vis actuellement la perte d’un être cher (ma mère), et m’a noyée dans mes propres douleurs du moment. Je déconseille donc ce roman aux personnes traversant des souffrances pénibles du même genre, car ça ne leur fera absolument aucun bien, et au contraire même, cela risque de les affaiblir un peu plus.

La dernière partie, je l’ai trouvée un peu trop longue, sans surprise, parce qu'en définitive, au cours des pages, on s’attend déjà au dénouement qu'aura la fin de l'histoire, il manquerait donc peut-être d’un peu de pep’s et/ou d’intrigue.
 
Cela dit, l’écriture est fluide, facile à lire, et c’est tant mieux parce qu’on ne cherche peut-être pas ici une lecture où il faut réfléchir. Toutefois, l’auteur sait employer de très jolies phrases, parfois profondes et en tout cas lucides. Certaines pourraient même amener certains lecteurs à se poser quelques questions.
Finalement, j’ai tout de même apprécié ce roman, que j’ai fini par lire très vite.
À ne pas oublier ; l’état d’esprit joue un rôle prépondérant dans chacune des lectures que nous lui proposons. Et si nous n’accrochons pas, au premier abord, ce n’est pas nécessairement que le livre est mauvais, mais peut-être juste que l’état d’esprit n’est pas en condition à ce moment précis.
 
Quelques phrases relevées au cours de ma lecture : 

« Quand c’est une question de survie, on range au placard les grands idéaux qu’on s’était fabriqués gamine. »
« L’évidence n’a pas besoin de beaucoup de temps pour sauter aux yeux. C’est généralement instantané. »
« La vie est légère comme une plume quand le souffle qui la porte est animé d’amour et de tendresse, alors je veux bien me délester de quelques plumes… »
« Il vaut mieux avoir de bonnes raisons d’être heureux que de bonnes raisons d’être malheureux. »
« La poisse, c’est comme la bêtise humaine, elle est inépuisable. »
« L’empathie, c’est tendre la main à celui qui est dans le trou, ce n’est pas sauter dedans pour l’aider à remonter. » 
« Le désespoir et la tristesse n’ont jamais aidé personne à combattre les épreuves. »
« Certaines broutilles sont malgré tout urgentes. »
« Si le goût sucré rassure les nouveau-nés, il doit aussi faire du bien aux malmenés, quel que soit leur âge... »
Marie BARRILLON

Chronique de Magali sur le même ouvrage : Les chroniques de Magali
Informations sur le livre :
Titre : Juste avant le bonheur
Auteur : Agnès Ledig
Éditions : Pocket
ISBN : 9782266250627
Prix : 6,80 €

jeudi 30 juillet 2015

[Tag] Les blogueurs littéraires

[Tag] Les blogueurs littéraires

En me baladant sur le blog "Lire sous la lune", j'ai découvert le "[Tag] Les blogueurs littéraires". Je me suis donc dit que je pourrais me prêter au jeu des réponses pour mes propres lecteurs sur mon blog.
Voici donc mes réponses à ce [Tag] (sans tag) des blogueurs littéraires.
 
1. Plutôt corne ou marque-page ?

Marque-page absolument ! Je ne vois pas l'intérêt de corner les pages, sauf celui de les abîmer. Et je voue un tel respect au livre que je ne me livrerai jamais à en corner les pages.

2. As-tu déjà reçu un livre en cadeau ?

Oui, souvent. Entre les cadeaux d'anniversaire, Noël et autres occasions en tout genre, et ceux qui me sont envoyés par les éditeurs ou les auteurs eux-mêmes, ça arrive régulièrement.

3. Lis-tu dans ton bain ?

Non, jamais. Déjà parce qu'au fil de ma lecture je prends des notes, ce ne serait donc pas évident, livre, cahier, stylo... un bureau au-dessus de la baignoire, ça ne le ferait pas vraiment. Et puis, parce que j'aime être bien posée quand je lis. C'est un moment particulier où je m'enferme totalement (ou presque) dans ma bulle (idem quand j'écris).

4. As-tu déjà pensé à écrire un livre ?

C'est fait. Dix, même !

5. Que penses-tu des séries de plusieurs tomes ?

J'ai un peu de mal, car je n'aime pas trop quand ça traine en longueur. J'aime connaître le dénouement des histoires que je lis, et s'il faut dix bouquins pour y arriver, ça me lasse un peu. Je dirais donc que jusqu'à trois tomes, ça me va encore, au-delà c'est trop long.

6. As-tu un livre culte ?

Un livre culte, non. Il y en a quelques-uns qui m'ont laissé de belles émotions, qui m'ont marquée, mais pas un livre culte.

7. Aimes-tu relire ?

Rarement. J'ai très bonne mémoire en matière de lecture, alors relire un livre où je sais ce qui va se passer ne m'intéresse pas vraiment. Et puis, il y a tant de très bons livres à lire qu'il serait dommage de passer à côté.

8. Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs de livres qu’on a aimés ?

J'aime rencontrer les auteurs dont j'ai apprécié les ouvrages. Tout comme j'aime rencontrer les lecteurs qui m'ont lue. Il y a comme une connivence entre les deux bords.

9. Aimes-tu parler de tes lectures ?

Oui, bien sûr. Sinon je ne tiendrais pas un blog littéraire.

10. Comment choisis-tu tes livres ?

Au feeling. La couverture, la quatrième, quelques extraits lus au hasard, me permettent de savoir si l'ouvrage me plaira.

11. Une lecture inavouable ?

Euh... non, aucune.

12. Des endroits préférés pour lire ?

Pas particulièrement. Je peux lire à peu près n'importe où (sauf dans ma baignoire... hein !), même dans des lieux bruyants ça ne me dérange pas puisque j'ai cette faculté de pouvoir m'isoler dans ma bulle.

13. Un livre idéal pour toi serait… ?

Je ne pense pas qu'il puisse y avoir de livre idéal. Chaque livre trouve son récepteur à un moment donné. Il m'est arrivé de ne pas pouvoir accrocher sur un livre, de le mettre alors de côté et de le reprendre quelque temps plus tard, et là d'accrocher complètement. La lecture joue beaucoup avec l'état d'esprit, on peut ne pas être réceptif à un moment, et l'être à un autre.

14. Lire par-dessus l’épaule ?

Oh oui, ça m'arrive parfois, mais je n'en fais pas une habitude, car j'ai toujours un livre dans mon sac pour répondre à l'envie de livre.

15. Télé, jeux-vidéos ou livre ?

Livre en premier lieu, néanmoins parfois télé, surtout les séries policières.
Dernièrement, c'est "Engrenages" de Canal+ qui m'a happée.

16. Lire et manger ?

Je suis une petite mangeuse. Il m'arrive de lire en mangeant pour oublier que je mange quand je suis seule. Je n'aime pas manger seule, je le ressens comme une perte de temps, même si c'est vital de se nourrir.

17. Lecture en musique, en silence, peu importe ?

Peu importe, comme je le dis plus haut, je peux lire dans à peu près n'importe quel contexte. Je ferme l'entrée de ma bulle pour me retrouver dans le silence.

18. Que deviendrais-tu sans livres ?

Euh... je ne me suis jamais posé cette question. Mais, je pense que je m'ennuierais profondément et que pour remédier à cet ennui je ne ferais qu'écrire, écrire et encore écrire.

19. Tu achètes un livre sur le Net et tu le reçois un peu abîmé. Que fais-tu ?

Si c'est un livre d'occasion, je pars du principe que je m'y attends (bon, faut exagérer non plus). Si c'est un livre neuf, je serais assez agacée. Je respecte les (mes) livres, j'y fais donc très attention. Je suis d'une nature soigneuse en général.

20. Quel est l’élément qui t’a donné le goût de la lecture ?

Ça, c'est une longue histoire qui vient de l'adolescence. La lecture s'est trouvée être à ce moment-là une échappatoire. Fuir la vie et son quotidien. Voyager grâce au livre, pour être ailleurs.

21. Que penses-tu de toutes ces adaptations cinématographiques ?

Pourquoi pas, mais il faut que ce soit vraiment bien fait, ce qui n'est pas toujours le cas.

22. Si tu ne devais retenir qu’un seul personnage rencontré dans tes lectures, ce serait lequel ?

Ce serait probablement Lucienne dans "Lucienne" de Jean-Michel Berardi ou Mauricette dans "La patience de Mauricette" de Lucien Suel.

23. Quels sont les 5 livres de ta PAL qui te font le plus envie ?

"Noble semaine en famille" (que j'ai commencé) et "Les aventures de la smala" de Lisa Giraud Taylor dont la plume est un petit bijou. "Ils rêvaient des dimanches" de Christian Signol (l'auteur qui a ma préférence). "Femmes qui courent avec les loups" de Clarrissa Pinkola Estés (j'aimerais le lire depuis longtemps, et on me l'avait conseillé). Et "L’immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes" de Karine Lambert.

24. Si tu ne pouvais plus lire qu’un seul type de livre, lequel ce serait ?

Les romans d'émotions comme sait si bien les faire Christian Signol.

25. Comment classes-tu tes livres dans ta bibliothèque ?

Par noms d'auteurs, toujours.

26. Es-tu livre papier ou ebook ?

Papier assurément, même si j'en viens de temps en temps à lire des ebook. J'ai besoin de sentir le papier, l'encre... avoir le livre en main. La lecture sur ebook n'a, pour moi, pas la même saveur. Il manque quelque chose.

27. Que fais-tu de tes livres une fois lus ?

Je les range dans ma bibliothèque, mais comme je manque de place, j'en ai un peu partout. Mais, je les garde, j'y tiens.

28. Connais-tu la règle de la page 99 ? Et si oui, est-ce que tu l’appliques parfois à tes lectures ?
 
Oui, je connais cette "règle", mais je ne l'applique jamais. Pour moi, ça n'a pas de sens. 

29. Quel est, parmi toutes tes lectures, ton « méchant » préféré ?

Aucun ne me vient à l'esprit.

30. Que penses-tu des challenges littéraires ?

Chacun fait comme il veut. Personnellement, la lecture n'est pas un challenge, mais un plaisir qu'il faut conserver comme tel. Je lis avec le cœur, je n'ai pas envie de lire par obligation parce que je veux que cette passion demeure, et c'est le même principe que pour l'écriture. Et ça marche très bien comme ça. Ca fait trente-trois ans que ça dure, ma plus belle histoire d'amour, je pense.

31. Quel est le livre que tu as le plus détesté ?

Détesté est un bien grand mot. Je n'en ai pas détesté, moins aimé certains, mais pas détesté.

32. Ton dernier coup de cœur littéraire ?

Mon dernier coup de cœur, c'est sans aucun doute "Et puis, Paulette..." de Barbara Constantine que j'ai chroniqué sur mon blog.

33. Le livre qui n’est pas dans ta PAL et qui te fait le plus envie?

Ce sera toujours le dernier de Christian Signol qui n'est pas encore publié. *sourire*

Marie BARRILLON
 

jeudi 9 juillet 2015

Au secours ! j'ai 40 ans

Au secours ! j'ai 40 ans depuis 4 ans, Gaëlle RENARD, Editions Charleston

« Au secours ! j’ai 40 ans depuis 4 ans » décrit le passage de la quarantaine à travers le quotidien de Véro, la narratrice. N’y cherchez pas d’intrigue, il n’y en a pas. Cet ouvrage aborde toutes sortes de thèmes à commencer par les hommes ; les ex et les futurs, et le sexe, puis les enfants, les rides et les cheveux blancs, les ami(e)s et les sorties. Tout y est décortiqué et passé à la loupe.
 
Ce livre fait plus penser à un journal intime, un journal de bord des jours qui passent, qu’à un roman à proprement parler. Avec Véro, on l’aura compris, tout y passe, même le superficiel, même l’intime. La quarantaine est un passage pas toujours indolore, chacune d’entre nous l’appréhendant de la manière qui lui sied le mieux, ou comme elle le peut. Véro ne fait donc pas exception à la règle.
 
Dans son cas ce passage est pour Véro une véritable révolution narrée avec humour. Elle se rend compte que le temps défile vite malgré sa « jeunesse » d’esprit : « Il m’est difficile de me contempler le nombril alors que j’ai à peine le temps de me le nettoyer ! » Elle divorce, change de vie, fait des rencontres, pour finalement s’accrocher à celui qu’elle nomme dorénavant son « troubadour ». Parce qu’il est évident pour elle qu’elle ne peut pas rester seule.
 
Son « troubadour » a quelques années de moins qu’elle, ce qui ne la dérange pas même si certains pourraient la qualifier de « cougar ». Un mot qu’elle exècre en toute franchise : « Ben non, ça ne me fait pas rire. Ça me vexe, ça me complexe, en un seul mot : ça m’humilie. » Parce qu’il faut bien le reconnaître, le terme « cougar » n’a rien de charmant et est quelque peu péjoratif, « Et non. Non. « Cougar » ce n’est pas « mignon » […] C’est « chaton » qui est mignon. « Cougar » ça sent le fauve, la prédatrice, la vieille pathétique qui essaye d’être sexy en imprimé panthère. »
 
Donc, à 40 ans, nous ne sommes pas vieilles. Non, non, M’sieurs, Dames ! Véro l’assure, et elle a raison : « J’ai 40 ans, ne me demandez pas comment ça s’est fait, je n’ai rien vu venir. […] Jusqu’alors, je pensais qu’à 40 ans, on était juste… vieille. Mais l’amie dans la glace me disait tout le contraire. »

D’ailleurs, n’est-il pas courant de dire que l’âge c’est dans la tête ? Le mystère de la jeunesse ne serait-il pas celui-là justement ; savoir rester jeune dans l’âme. L’important étant d’être équilibré et bien dans ses baskets !
 
Véro partage ses petites révoltes, petites, car aucune n’est vraiment grave. L’expression quadragénaire l’incommode et l’agace, et elle ne mâche pas ses mots : « C’est drôlement moche comme mot, quadragénaire… C’est trapu, ça fait couac, ça sent les cors aux pieds, les jambes lourdes et l’Alka-Selzer. Non, franchement, quadragénaire ne correspond pas à la réalité d’aujourd’hui. Quarantenaire serait plus joli. Quarantenaire est un beau mot bien horizontal, un mot qui claque, qui a du peps. »
 
Alors voilà, à 40 ans nous ne sommes plus jeunes, mais pas encore vieilles. Comme disait Coco Chanel : « Personne n’est jeune après 40 ans, mais on peut être irrésistible à tout âge. » Ou encore comme disait Herbert Léonard : « C’est beau une femme à 40 ans, sa vie se vit comme un roman, pas une ride sur le cœur, toujours amoureuse du bonheur. » Merci, Herbert !
 
Ce roman/journal est plein d’humour, sympathique pour passer un moment, légèrement décalé, mais surtout où rien n’est pris au sérieux et où on navigue dans une bonne humeur assez constante. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’avoir 40 ans pour lire ce livre parce qu’il offre un bon moment à tout âge, surtout s’il est pris au second degré.

Marie BARRILLON

Informations sur le livre :

Titre : Au secours ! j’ai 40 ans depuis 4 ans
Auteur : Gaëlle Renard
Éditions : Editions Charleston
ISBN : 9782368120361
Prix : Format papier : 17 €
           Format numérique : 10,99 €

jeudi 4 juin 2015

Extrait de "Camille, regarde devant toi !"

Extrait de "Camille,regarde devant toi !"

"Bien souvent, elle se demandait si un seul homme au monde pouvait correspondre à l’idée qu’elle se faisait de l’homme idéal. Son idée était bien particulière, complexe et pleine d’exigence. De ce fait, elle était rarement partagée. A cette question chaque femme témoigne de sa propre perception. De ces propres désirs aussi. Invoquant d’innombrables indications et avis plus ou moins logiques, légitimes, mais aussi parfois farfelus.
Elise, elle, avait ses propres convictions sur ce sujet où tant d’avis divergent, tant de points de vue diffèrent, sans pour autant croire que ses convictions soient les meilleures. Ce sont les siennes c’est tout. Tout est très net dans son esprit. Les qualités ne doivent pas être exagérées et les défauts, s’ils ne sont pas trop prononcés, sont des à côtés pas forcément primordiaux. Personne n’étant parfait.
Pour elle, l’homme idéal c’est celui qui, lorsqu’on le quitte le matin nous envahit d’une envie folle et tenace d’être déjà le soir pour le retrouver enfin. C’est celui que nous pourrions appeler trente fois par jour sans jamais nous lasser, juste pour entendre le son de sa voix qui nous étonne chaque fois par sa teneur, sa douceur, son enthousiasme, tout en nous comblant de bonheur et qu’il nous affirme qu’il n’attendait que cet appel pour ensoleiller son ciel, ou bien qu’il allait lui-même appeler parce qu’il ressent un manque quant à la femme qu’il aime et que son cœur transpire d’amour impossible à partager avec n’importe qui d’autre qu’elle.
C’est celui qui chaque fois qu’il nous prend la main, c’est comme un éternel recommencement. Une première fois à chaque fois. Comme la première rencontre qui se reproduit constamment dès qu’on le voit. Le premier baiser qui renaît comme une redécouverte constante. La première chaleur qui envahit encore et encore. Un frisson qui nous parcourt, similaire au tout premier, toujours unique et qui nous surprend à chacun de ses retours. Une multitude de surprises qui s’instaure sans qu’on ait besoin d’y réfléchir vraiment. Sans qu’on ait besoin de chercher. C’est là. C’est présent à chaque instant. Cet homme, c’est celui qui sans nous faire l’amour, nous transporte au nirvana à bout de bras et de tendresse, d’amour et de délicatesse. Il est la porte qui s’ouvre sur une nouvelle naissance sans heurt. Il est le coup de vent inattendu qui balaie toutes les vieilles déceptions, les incertitudes, les colères. Il est la beauté, même dans la laideur. La joie, même dans la peine. Le brin de gaieté au détour des tristesses. Il colle un sourire indélébile sur notre visage dès le premier regard. Il prend nos larmes dans ses mains et les étale sur son cœur pour qu’elles sèchent à l’abris des regards indiscrets. Il murmure à notre oreille les mots de réconfort que lui seul est capable d’apprivoiser au moment opportun et les prononcer pour nous apaiser. Lui seul est en mesure d’inventer, de doser pour nous restituer notre bien-être.
Cet homme, c’est aussi celui qui peint notre univers de toutes les couleurs gaies et chatoyantes dans un savant mélange que seul l’amour peut apporter. Il en abolit le noir parce qu’il rime trop souvent avec désespoir et qu’il ne veut nous voir qu’heureuse. Belle dans le bonheur qu’il donne sans compter. Qu’il réinvente à chaque occasion. Sans même le savoir lui-même.
Il est celui qui même après vingt ans de galère à marées hautes et de repos à marées basses nous avoue encore du fond du cœur qu’il nous aime à en mourir, parce que sans celle qu’il aime il ne peut pas y avoir de continuité dans la vie, pas d’avenir. Pas de devenir. Pas de saveur nouvelle.
Il est là à essuyer notre nez lorsque, après l’éclatement d’une peine indicible nous avons trop pleurée seule et que le total de nos douleurs devient trop pesant. Il est celui qui nous donne son avis quand on en a besoin avec un plaisir évident et qui se tait en observant dans le respect du silence nos actions lorsque nous les souhaitons solitaires sans pour autant être loin de lui. Non au contraire, être tout près. Là, presque collée à sa peau en permanence. Etre scellée à lui invisiblement. Cœur contre cœur. Peau contre peau. Main dans la main. L’amour au pluriel. Les sentiments… Les sentiments plus forts que tout.
Il est jaloux, juste un peu mais pas trop pour ne pas tout empoisonner. Ne surtout pas empoisonner cet amour qu’il partage avec cette femme en le conjuguant à tous les temps si facilement parce qu’il ne peut pas en être autrement. Parce qu’avec lui tout est devenu si facile. Presque transparent. D’une beauté sans maquillage. D’une réalité visible. Puis, il est celui aussi qui se met devant nous pour réceptionner tous les coups bas de la vie. Toutes les déceptions soudaines. Tous les travers dangereux. Tous les fossés qui surgissent de manières inopinées. Il est constamment sur ses gardes pour nous protéger, nous épargner autant que possible de sa force parfois incertaine. Ce n’est pas grave, le geste est là. Il n’est pas non plus superman, n’exagérons pas. Mais il est tout de même notre héros dans notre histoire bordée d’éternité scintillante. Notre héros dans cette réussite tellement désirée.
Face à l’inconnu, il se veut rassurant, il fait tout ce qui est en son pouvoir pour nous en persuader. Que la confiance perdure entre nous est son cheval de bataille. Il prend toute la vie à bras le corps pour notre bonheur commun. Il se soigne et nous soigne de tous les maux, petits ou grands. Il nous caresse en permanence même si ce n’est qu’avec les yeux. Parce que oui, ses yeux voyagent sur notre visage, il en connaît les moindres reflets. Les plus petits traits. Toutes les courbes. Toutes les facettes. Tous les changements tour à tour gais ou tristes. Notre regard est sa lumière. Nos mains, il les tient tendrement ne serait-ce que par l’esprit. Par le cœur. Par la pensée. Par l’amour.
Pour lui, tout ce qui est sa femme est source de voyage enchanteur. Un apaisement constant pour le cœur. Un bonheur permanent. Une passion continuelle. Il est à l’affût de ses voyages, qu’il espère éternels. Il fait en sorte qu’ils le soient. Notre présence simplement suffit à le rendre heureux. Notre absence contribue à le rendre toujours plus amoureux. Il nous aime et sa sincérité est évidente. Ses sentiments sont pleins de pureté, sans noirceur, sans questions qui dérangent ou qui n’auraient pas lieu d’être, sans reproche mal placé.
Finalement, après l’énumération des points concernant l’homme idéal, Elise en arrivait à supposer qu’il n’existait pas ou bien il devait être trop éloigné et inaccessible. Autant chercher une aiguille dans une motte de foin. Et encore ce serait bien plus facile de parvenir à la trouver, elle. Plus évident."
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mardi 12 mai 2015

Belleville Shanghai Express

« Il y eut un bruit sec. L’autre type avait déplié une matraque télescopique et il dansait lentement sur ses jambes. Au volant du 4x4, Yan eut un petit rire et alluma les phares. Dans le faisceau, deux silhouettes se faisaient face, la troisième remuait sur le sol en vociférant. […] La tige d’acier siffla sous le nez de Vincent, il recula, tenta un coup de pied, le sifflement redoubla et la douleur éclata sur sa cuisse. Il s’effondra. Derrière le pare-brise, Yan actionnait les pleins phares, volume de la sono à fond. La Chevauchée des Walkyries résonna dans toute la rue, vacarme infernal rebondissant sur les façades. Le premier sbire regarda dans les phares et leva sa matraque. Un long hurlement couvrit un instant la musique. » Extrait du livre
Après une (longue) absence, nous retrouvons Philippe LAFITTE sans la moindre déception avec cet ouvrage. Pour rappel, dans « Étranger au paradis » (chronique, ici) nous avions découvert un livre qui « se lit vite tant nous sommes pris entre le désir de comprendre le sens et celui de simplement en découvrir la suite. » Puis, dans « Vies d’Andy », nous trouvions que « L’idée même de ce roman est pour le moins osée, mais tellement réussie qu’on se laisse happer volontiers pour vivre un véritable plaisir de lecture. » (chronique, ici)
Avec « Belleville Shanghai Express », l’auteur nous plonge au cœur de Belleville et plus particulièrement du quartier chinois. Belleville, un quartier parisien hétéroclite et populaire qui se trouve réparti sur quatre arrondissements. D’ailleurs ce quartier a souvent été à l’honneur dans les œuvres, et pas seulement littéraires. Romain Gray et Daniel Pennac s’en emparèrent. D’autres y vécurent comme Georges Perec, Maurice Chevalier, Édith Piaf, ces deux derniers y sont même nés. Eddy Mitchell mit également Belleville à l’honneur dans certaines de ses chansons.  
Au cours de l’histoire, nous échouons à Shanghai en suivant Line pour revenir à Belleville, en passant par la porte de la Chapelle et Aubervilliers. Dans ce roman, nous découvrons deux destins qui n’auraient pas dû se croiser. La rencontre sera volcanique et torrentueuse, violente aussi, mettant à jour des secrets de familles enfouis, mais pas assez recouverts par les années.  
Mafia, trafic et manigances 
Vincent, le métis et Line « la beauté comme une force dans un monde d’images » sont les deux personnages de ces destins où l’amour mettra son grain de sel pour chercher à unir ces deux jeunes qui ignorent tout du passé de leurs « anciens » respectifs. Vincent veut savoir même si « Trop de visages le renvoyaient à trop d’interrogations personnelles », et bien qu’« il n’avait pas la tête à se pencher sur les fragments de la vie des autres », il mène son enquête malgré la dangerosité des adversaires ancrés dans la mafia chinoise qui se trouvent sur son chemin. Malgré les douleurs que cela va éveiller au sein même de ses seules proches, sa mère Marie-Paule et sa grand-mère Dao, il doit faire face aux menaces. 
Dans le même temps, Line disparaît. Elle part à Shanghai pour un stage où elle se retrouvera finalement prisonnière d’une tourmente qu’elle n’imaginait pas. Elle en reviendra blessée, mais sans avoir perdu les sentiments qui l’animent pour Vincent. Et cet amour, d’un côté comme de l’autre, n’est pas accepté. Vincent est ce que du côté de Line, ils appellent une « banane », un père vietnamien et une mère française.  
Quant au père de Line, il est le plus puissant homme d’affaires du tout Belleville avec « ce ton péremptoire, comme si tout devait plier sous ses certitudes ». Personne n’ignore qui est Monsieur Li ! Et beaucoup le craignent ! À la croisée de leurs destins, Vincent et Line vont découvrir mensonges, trafic et manigances, mais aussi l’amour et c’est lui qui va les porter jusqu’à la vérité, vers la sérénité.
 
Puis, la disparition de Dao sera un ébranlement de plus : « Line et Vincent fermaient la marche vers la sortie du cimetière. Main dans la main, ils avançaient lentement, essayant d’apprécier ce moment étrange et fragile, fait de tension et de soulagement, d’adieu définitif et de nouveau départ. » 
Philippe LAFITTE nous offre un très beau thriller, bien monté, bien ficelé, prenant à souhait, avec cette plume adroite qu’on lui connaît à laquelle il ne déroge pas et qui ne laissera pas les lecteurs indifférents. Une aventure entrainante qui empoigne le lecteur pour l’emmener au cœur d’une histoire de famille où il n’est pas bon de remuer les souvenirs, mais tellement nécessaire pour découvrir la vérité et pouvoir chevaucher l’avenir plus tranquillement. 
Belleville Shanghai Express : un roman/thriller à lire absolument ! 
Quelques phrases relevées au cours de ma lecture : 
« Aujourd’hui dans les affaires, il n’y a pas de puissance sans connaissance. »
« Elle poursuivait son monologue, comme si évoquer des solutions possibles suffisait à les faire advenir. »
« La vie comme une perpétuelle justification, une série d’excuses involontaires. Une succession d’alibis et de bordereaux administratifs. »
« Elle avait retenu ce regard dur et chaviré à la fois, ces accès d’ironie voilés d’une ombre mélancolique. Comme si quelque chose lui manquait. »
« Il faut construire des fondations solides aujourd’hui pour mieux s’élever demain. »
« On ne construit rien avec des souvenirs. Ni avec des regrets. » 
Pour terminer, l’hommage que rend l’auteur à la fin de l’ouvrage m’a particulièrement touchée, suffisamment en tout cas pour que je le cite ici : « Parce que la naissance d’un roman est affaire de désirs, d’incertitudes, mais aussi de rencontres, je tiens à rendre un hommage amical à celles et ceux que j’ai croisés à cette occasion et qui, par leurs paroles et leurs échos à mes interrogations, ont permis d’éclairer mon chemin d’écriture. » 
Marie BARRILLON


Lire aussi ici, l'entretien que Philippe LAFITTE m'avait accordé en Septembre 2009 
Informations sur le livre :
Titre : Belleville Shanghai Express
Auteur : Philippe LAFITTE
Éditeur : Grasset
ISBN : 9782246857150
Prix : 18 €

lundi 20 avril 2015

L'instant présent

L'instant présent, Guillaume Musso, XO Editions
« Chaque fois, j’ai du mal à me mettre à sa place. Je sais pourtant que je dois lui laisser le temps d’encaisser le choc, mais nos perceptions sont condamnées à ne jamais être synchrones : alors qu’elle ne m’a plus vu depuis plus d’un an, j’ai l’impression de ne l’avoir quittée que depuis quelques heures… car je suis l’homme qui disparaît. L’homme sans avenir. L’homme en pointillé. Celui qui a faim de vie, mais qui ne peut pas faire de promesses. Celui qui doit vivre vite. Qui doit donner à chaque journée l’intensité d’une montagne russe. Celui qui doit étirer le temps pour multiplier le bouquet de souvenirs qu’il laissera derrière lui en partant. Je suis l’homme qui disparaît, mais qui se souvient de tout. Comme les autres, cette journée est passée en un éclair. Dans la douleur, dans l’urgence, dans l’anticipation du manque qu’elle nous laisse à tous les deux. » Extrait du livre

Notre ennemi le temps

Nous sommes tous, à un moment donné, confrontés au manque de temps, car « Le Temps est un joueur avide qui gagne à tout coup ! C’est la loi (Baudelaire) ». Il court parfois si vite que nous ne parvenons pas à accomplir ce que nous devons dans des délais que nous estimons réalisables. Nous n’y pouvons rien, et il nous est rarement possible de le rattraper, car « On ne peut pas déjouer le destin. On ne peut pas réparer l'irréparable. On ne peut pas revenir en arrière ».

Dans « L’instant présent », Arthur, alors jeune médecin, se retrouve aux prises avec le temps. Dépassé, il doit affronter les pièges que ce dernier lui impose sans aucune possibilité de s’en détourner. Nous nous réveillons chaque fois avec lui au cœur de New York, tout y est, le nom des rues, l’ambiance générale, la description des lieux…

Échoué au cœur d’une malédiction à laquelle fut confronté son grand-père avant lui, il est condamné à ne vivre que vingt-quatre heures par an pendant… vingt-quatre ans. Autant dire, presque rien ! Toutefois, il veut vivre le maximum durant chaque vingt-quatre heures même si « l’existence se résumait à un combat perdu d’avance contre les méandres du temps ». Chaque retour ne se fait pas toujours sans douleur : « J’avais beau m’y attendre, chaque fois le choc était dur à encaisser : ouvrir les yeux et se prendre un an dans la gueule en un claquement de doigts ». Le reste du temps, il est dans le néant dont il ne se souvient de rien.

La malédiction

Il doit vivre vite, mais vivre au mieux avec toutes les difficultés que cela comporte ou engendre. Ses proches n’ont d’autres choix que de « s’adapter » à la situation. Sa femme Lisa, ses enfants sont au diapason de ces retours surprises et inattendus parce que rien ne laisse présager du jour où cela doit arriver. Il revient toujours, mais « l’homme qui disparaît. L’homme sans avenir. L’homme en pointillé ». Entre Lisa et Arthur, c’est une folle histoire d’amour qui se joue comme le destin, en pointillé avec tout ce qu’il y a de tragique, de douloureux, de déchirant aussi. Ils vont tenter de résister à l’obstacle de cette vie pas comme les autres.
Lors de chaque retour, Arthur lit le journal pour découvrir la date, puis les titres. Il découvre les actualités qu’il ne peut vivre : les événements, les films et les tubes musicaux du moment, le passage à Internet et à l’hyper-connexion : « À chacun de mes retours, je continuais d'observer les mutations du monde. L'Internet envahissait tout, cannibalisait tout : la musique, les livres, le cinéma. Les gens vivaient avec un téléphone portable greffé à la main, qu'ils consultaient d'un regard distrait toutes les trois minutes. IPhone, Facebook, Google, Amazon... Tout devenait virtuel, numérique ».
« L’instant présent » est ficelé par une intrigue originale, voire invraisemblable, et en tout cas agréable. Toutefois, la fin est très surprenante loin d’être taillée dans l’évidence, ce qui pourrait en décevoir certains.  Néanmoins, tout au long de l’ouvrage une kyrielle de sensations vont s’animer, les émotions ne manqueront pas entre amour et humour, suspense et surnaturel, rebondissement et oppression.
Un bon moment en perspective pour les adeptes de MUSSO and Co !
Informations sur le livre :
Titre : L’instant présent
Auteur : Guillaume MUSSO
Editions : XO Editions
ISBN : 9782845637795
Prix : 21,90 €